Centre d'études stratégiques du bassin du Congo (Cesbc)

Centre d'études stratégiques du bassin du Congo = ISSN  2493-5387

CesbcPresses : Indicateur éditeur : 979-10-90372

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Le 1er janvier 2008

 

Aimé Dieudonné MIANZENZA

 

 

 

 

LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ :

UNE ONG ÉTATSUNIENNE JUGE LES PAYS RICHES

À L'AUNE DE LEURS POLITIQUES GLOBALES

 

 

 

L'aide publique au développement (APD) peut être définie comme l'ensemble des fonds en provenance des pays riches " destinés à favoriser le développement économique des pays du Sud et à améliorer les conditions de vie des populations ". Ces fonds sont versés sous forme de dons ou de prêts à taux préférentiels. L'APD est un instrument incontournable du financement du développement et de redistribution à l'échelle mondiale.

1. Où va l'aide publique au développement ?

L'APD va principalement à trois secteurs d'intervention :

  • Un soutien financier direct aux budgets des Etats : paiement des fonctionnaires, remboursement de la dette, aide à l'ajustement structurel (ensemble de politiques regroupé dans ce qui est maintenant appelé appelé Documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté ou DSRP).

  • La mise en œuvre des programmes de développement : sociaux (éducation, santé) et économiques (transport, infrastructures).

  • La lutte contre les inégalités. Toutefois, la part de l'aide qui participe réellement à la lutte contre les inégalités est faible.

Les pays riches, notamment ceux du G8, ont tendance à mettre en avant les sommes qu'ils affectent à l'aide au développement pour prouver leurs efforts à la lutte contre la pauvreté dans les pays du Sud. Les pays les plus riches semblent donc être ceux qui contribuent le plus à l'éradication de ce fléau. Toutefois, selon le Centre for Global Development, en ajoutant à l'APD certains critères qualitatifs, les Pays-Bas, les pays du Nord de l'Europe et la Nouvelle-Zélande sont les six nations PARMI les plus riches qui contribuent le mieux à la lutte contre la pauvreté.

2. L'étude du Centre for Global Development

Le Centre for Global Development (CGD), une ONG étatsunienne, ne se contente pas de ranger les pays donateurs suivant le seul critère de l'aide publique au développement. Il établit un classement qualitatif qui prend en compte l'ensemble des politiques conduites par les pays riches. Un série de critères est mise en avant : la corruption dans les pays bénéficiaires, la pertinence des projets subventionnés le respect des règles en matière de commerce, l'investissement, etc.

a. Corruption dans le pays bénéficiaire, pertinence des projets subventionnés et

investissement

Le CGD pondère les montants transférés en fonction de la corruption dans le pays bénéficiaire, de la pertinence des projets subventionnés et de la conditionnalité de l'aide à des achats en retour dans le pays donateur. Par rapport à ce critère, les pays du nord de l'Europe sont les mieux classés, le Japon et les Etats-Unis arrivant en dernière position.

b. Respect des règles justes en matières de commerce

Les respect des règles justes en matières de commerce est un second critère. La politique agricole commune européenne, avec ses protections et ses subventions, est montrée du doigt. Selon le CGD, "Si les pays riches baissent leurs barrières commerciales, 200 millions de personnes pourraient quitter la catégorie des personnes pauvres".

c. Investissement dans les pays en développement

L'investissement dans les pays en développement peut également être un outil favorable s'il est effectué avec transparence. Ce critère place la Grande Bretagne au premier rang du classement, avec se mise en œuvre du " processus de Kimberley" destiné à éliminer le commerce des " diamants du sang ", qui a servi à financer les seigneurs de la guerre en Angola, en République démocratique du Congo ou en Sierra Leone.

d. Ouverture à la migration internationale

Selon le CGD, les migrants du Sud vers le Nord peuvent aussi aider au développement, par l'éducation qu'ils acquièrent dans les pays d'accueil ou par l'argent qu'ils envoient dans leurs pays d'origine. Sur ce critère d'ouverture aux étrangers, l'Autriche et la Suisse sont aux premiers rangs, le Japon est dernier. Les Etats-Unis sont mal classés car le flux migratoire d'immigrants légaux et de réfugiés y est très faible, ramené à leur population et comparé à celui de nombreux pays européens.

e. Respect de l'environnement

Un réchauffement climatique qui conduirait à "une élévation de deux mètres du niveau de la mer obligerait 90 millions d'habitant des deltas du Nil, du Mékong ou du Bangladesh à quitter leurs habitations". Au vu de ce critère, la Norvège est première, les Etats-Unis, qui n'ont pas signé le protocole de Kyoto, derniers.

f. Sécurité des pays pauvres

Les pays riches doivent aussi veiller à la sécurité des pays pauvres, notamment par l'envoi de forces armées. Pour classer les pays riches, le CGD prend en compte les missions sous l'égide de la communauté internationale. "Ainsi l'invasion de l'Irak ne compte pas" précise-t-elle. L'action positive de quatre pays - la France, les Pays-Bas, la Grande-Bretagne et les États-Unis - est soulignée.

g. Technologie

Selon le CGD, la technologie peut aussi servir le développement, notamment Internet et les investissements en recherche et développement. Sur ce critère, la France qui consacre 1% de son PIB en dépenses publiques de Recherche et Développement se classe en tête.

Au final, comme le montre le tableau suivant, sur l'ensemble des critères, derrière les pays les Pays-Bas, seule la Nouvelle-Zélande (5e) s'intercale entre les quatre pays l'Europe du Nord le Danemark (2e), la Suède (3e), la Norvège (4e) et la Finlande (6e). Le Japon se place dernier.

Source : http://www.cgdev.org/section/initiatives/_active/cdi/data_graphs

 

3. Commentaire

On regrette le manque d'objectivité de l'étude sur le critère de la sécurité des pays pauvres. En effet, l'étude ne prend pas en compte un élément important participant à l'aggravation des situations de pauvreté dans beaucoup de pays : le commerce des armes. Une prise en compte de la sécurité des pays pauvres non pas sur la base des envois de forces armés même sous l'égide de la communauté internationales mais en tenant compte des conséquences du commerce des armes aurait certainement donné un résultat négatif pour la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis et, dans une moindre mesure, les Pays-Bas.

 

Le Stockholm International Peace Research Institute (Sipri) évalue le commerce mondial des armes dans une fourchette allant de 38 à 43 milliards de dollars ce qui représenterait entre 0,5 et 0,6 % des échanges commerciaux mondiaux.

 

En moyenne, 22 milliards de dollars sont dépensés en armes chaque année par des pays d’Afrique, d’Asie, du Moyen-Orient et d’Amérique Latine. Avec la moitié de cette somme, tous les enfants de ces pays pourraient aller à l’école primaire.

 

42% des pays dépensant le plus en matière de défense se trouvent au bas de l’échelle du développement humain. Par exemple, l’Érythrée consacre plus de 20% de son PIB aux dépenses militaires. Au Pakistan, en tenant compte du paiement de la dette liée à l’achat d’armes, le montant total des dépenses militaires atteint la moitié du PIB.

 

En 2003, l’Afrique du Sud a acheté des armes pour un coût de 6 milliards de dollars - soit l’équivalent de deux ans de médicaments de thérapie combinée pour les 5 millions de personnes atteintes du SIDA.

 

Entre 1997 et 2004, la part des pays en voie de développement dans l’importation mondiale de ces marchandises a atteint 68,5 %

 

Sept pays du G8 à l'exception du Japon font partie des plus gros exportateurs d'armes : le Canada, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Russie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Ces Etats alimentent en équipements militaires, armes et munitions des régions où cela contribue à des violations massives des droits de la personne. De 1998 à 2001, les Etats-Unis, le Royaume Uni et la France ont engrangé plus de revenus des ventes d’armes aux pays en voie de développement que le montant de leur aide à ces mêmes pays. L'attitude de ces pays en ce qui concerne le commerce des armes contredisent leurs engagements en faveur de la réduction de la pauvreté, de la stabilité et des droits humains.

 

Ces transferts irresponsables d’armes visent quelques-uns des pays les plus pauvres du monde et les plus meurtris par des conflits, dont le Soudan, Myanmar (Birmanie), la République démocratique du Congo (RDC), la Colombie et les Philippines.

 

Quelques sources sur le commerce des armes:

http://www.obsarm.org/campagnes/controlarms/Dossier%20presse.pdf

http://www.monde-diplomatique.fr/2006/06/WOOD/13572

http://www.amnesty.org/fr/report/info/POL30/007/2005

http://www.amnesty.org/fr/alfresco_asset/bcb2c0de-a3bd-11dc-9d08-f145a8145d2b/pol300072005fr.pdf

http://www.sipri.org/contents/webmaster/databases

http://www.grip.org/

 

 

 

 

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