G.Y.F.O.

Ou

La quête continue du point d’équilibre

pour faire d’un retour, une réussite

 

1.   Base de l’arrivée de GYFO en République du Congo

En 1999, l’Organisation mondiale de la santé et l’Agence internationale pour la prévention de la cécité mirent conjointement en place une initiative mondiale tendant en l’élimination de la cécité évitable et intitulée Vision 2020, le droit à la vue.

Basée initialement sur les quatre grandes causes de cécités connues et reconnues (trachome, cataracte, onchocercose, xérophtalmie), elle ne prenait pas en compte les erreurs de réfraction au motif qu’elles étaient considérées comme cause marginale de déficience visuelle pas de cécité.

Depuis, un changement majeur a été apporté.  Les erreurs de réfraction non corrigées sont dorénavant vues et perçues comme une cause majeure de déficience visuelle et leur correction, une composante prioritaire de lutte de l’Initiative mondiale pour l’élimination de la cécité évitable.

L’adhésion du Congo à cette Initiative à travers sa composante sous régionale marqua le début d’un long processus de retour.  Et quand tout fin prêt, naquit G.Y.F.O, unité de santé visuelle.

Vitrine de ladite Initiative, elle est depuis pour la population, LA réponse technique à sa quête pour un équipement qui soit en tout point conforme aux technicités de la profession.  Elle est surtout LA réponse à sa quête pour un équipement optique en verres correcteurs qui prend en compte la réalité de son vécu quotidien.

2.   La problématique initiale de la correction en matière de santé visuelle

En  République du Congo, la politique de prix telle qu’elle était pratiquée par les maisons d’optique, ne permettait qu’à seulement 10 % de nos compatriotes de pouvoir franchir leur porte, les autres (90 %) étant livrés à eux-mêmes.

Or, conscients de leur problème de déficit visuel, ces mêmes 90 % refusaient de percevoir leur vue comme un luxe payable au prix fort.  Au contraire, ils la considéraient et la considère toujours comme une composante essentielle de leur indépendance et dignité.  C’est ainsi selon eux que quand leur vision est affectée, les frais médicaux à débourser devraient être à la portée de toutes les bourses au lieu de s’avérer prohibitifs.  Qu’enfin, ils estiment que l’accès aux soins de santé visuelle ne doit pas les obliger à faire des choix qui à terme devraient leur induire des conséquences tant soit peu économiques et/ou sociales.

Partageant leur point de vue, nous, spécialisé dans la transformation du palet optique en verre correcteur avec dioptrie, dans l’amélioration et l’adaptation de la vision au moyen d’équipement en verres de lunette dont nous portons seuls la responsabilité de son efficacité et enfin dans le dépistage de la fonction visuelle,  ne pouvions pas restés insensible.

3.   Les problématiques rencontrées depuis notre installation et les réponses

 apportées

Aujourd’hui, le paramètre d’hier est certes toujours présent mais un nouvel élément est venu se greffer, modifiant toutes les données : la perte de l’aide multiforme chez un grand nombre de nos compatriotes. Pour faire simple, avec la crise financière d’hier, l’argent ne circule plus.  Et parmi l’une de ses répercussions, nous avions constaté l’émergence d’un comportement qui sapait les fondements de la famille au Congo. En effet, l’irrégularité dans le paiement des salaires pour certain, leur diminution pour d’autres voir son non-paiement pour les derniers avaient mis à mal l’une des notions les plus importantes de notre patrimoine génétique, l’entraide familiale.

Cette situation au pays, avait amené le Congolais à se replier sur lui-même et à privilégier sa famille biologique en premier lieu pour des achats suivant en cela, l’adage du chacun pour soi, Dieu pour tous. Et quand à celles et ceux qui pensaient trouver la réponse en faisant appel à leur parent à l’étranger, c’est oublié la difficulté de la vie au dehors et la somme parfois très élevée à sortir pour que satisfaction puisse être donnée à une telle demande. De fait, une telle demande est généralement mise de côté si ce n’est mise aux oubliettes.

Or, et ce n'est pas le moindre des paradoxes, cette fameuse "entraide familiale" fait partie intégrante du plus profond de nous-mêmes et ne pas y souscrire revient à nier tout ce qui fait du Congolais un Congolais.  Aussi, afin de permettre à chacun d’être en phase avec lui-même, un réajustement fut opéré :

Simple foyer : 55 000 Fcfa – Progressifs, double foyer : 75 000 Fcfa

Mais avec l’apparition de la pandémie de la Covid 19 en République du Congo, ce n’est plus le fondement même des Congolais qui est touché, c’est à leur devenir qu’il risque d’être porté atteinte. L’Initiative mondiale qui hier, consistait entre autre à œuvrer non pas dans l’éradication des troubles visuels  d’origine non pathologiques  mais, dans la meilleure prise en charge et en compte des sujets atteints, pour mieux les corriger afin de leur redonner leur pleine efficacité, se doit d’être conforté de nos jours et les jours suivants. 

Or, avec les quarante-cinq jours de confinement que nous venons d’effectuer, il n’est pas irréaliste de dire que nous devrons tous nous attendre à des lendemains difficiles. Le risque de voir le pays impacté économiquement par les conséquences de cette pandémie n’est pas non plus à sousestimer tout comme la probabilité de voir un grand nombre de nos compatriotes en subir les contrecoups.

Or, sachant que rien ne peut se faire ni être entrepris sans une bonne vision, nous devons éviter que la méconnaissance du lendemain incite les congolais à reconsidérer leur vision et surtout, qu’ils optent pour le faire avec comme auparavant. De fait, il nous appartient d’adopter et de prendre des mesures nécessaires afin que la vue ne puisse pas être un obstacle supplémentaire au parcours de combattant qui pourrais atteindre nos compatriotes. C’est ainsi qu’il fut décidé d’une autre nouvelle adaptation tarifaire :

Simple foyer : 45 000 Fcfa  - Progressif, double foyer : 65 000 Fcfa

À Côté de cela, nous avons mis en place une opération dite “coup de mains” dont cette année est la cinquième édition.  Subventionnée intégralement et exclusivement sous nos fonds propres, elle est une réponse ponctuelle et limitée dans le temps pour toutes celles et tous ceux que l’obstacle numéraire bloque.

4. Sur le point d’équilibre

C’est l’objectif à atteindre pour permette au plus grand nombre de nos compatriotes de pouvoir enfin gérer au mieux leur santé visuelle sans devoir recourir à la main tendue. Et, malgré l’exceptionnalité annuelle que nous avons mise en place, cette campagne ne doit pas masquer la réalité criante : nous sommes encore trop loin d’atteindre ce point d’équilibre :

Simple foyer : 30 000 Fcfa  - Double foyer & progressif : 50  000 Fcfa

On s’en rapproche.

En effet, en raison de notre politique de prix basée exclusivement sur la vision (voir et non pas être vu) et tournée uniquement vers le citoyen lambda, nous rencontrons des difficultés à nous faire comprendre et entendre par une administration aux antipodes de la réalité. Les textes pourtant existent mais leur applicabilité nous est niée.

La raison à cela est due au fait que celles et ceux qui détiennent le pouvoir réglementaire ne conçoivent la vision qu’à travers de leurs propres moyens. Le fait de proposer des équipements à bas prix ne peut être selon eux qu’une hérésie.

Une autre raison et non des moindres est que celles et ceux qui détiennent le pouvoir réglementaire ne peuvent admettre qu’un quidam local puisse venir en aide au quotidien à ses propres compatriotes dans un domaine telle que la santé visuelle hors campagne oui mais hors campagne organisée par des organisations non gouvernementales ou mise en place par l’État.

Enfin, la dernière raison est celle-là plus terre-terre. Nous sommes en matière de santé visuelle, la réponse à la demande d’une population en quête d’un équipement en verres correcteurs adaptés. Nous sommes seuls et ne bénéficions d’aucune aide ni subvention. Tout ce que nous faisons et mettons en place, nous le faisons sur nos capitaux propres.

 

[1] Le pharmacien d’Afrique n°152 de décembre 2001

 

 

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