Kitsoro Firmin KINZOUNZA


21 décembre 2020

La pandémie de la Covid-19 :

une opportunité pour accélérer les transformations économiques

en République du Congo

 

1.  CONSTAT

1.1.   Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), de mars au 20 décembre 2020, le nombre de décès dus à la Covid-19 pour 1 million d'habitants se présente de la manière suivante :

 

Données pour quelques pays

 Décès

Belgique

1 606

Italie

1132

Espagne

1 046

Royaume Uni

988

États-Unis d'Amérique

940

France

920

Allemagne

311

Afrique du Sud

414

République du Congo

18

Moyenne par région

 

Europe

560

Amériques (Nord, Centrale et Sud)

791

Asie du Sud-Est

87

Afrique subsaharienne

34

Asie-Pacifique

10

Source: WHO, COVID-19 Weekly Epidemiological Update, 20 December 2020

 

1.2.   La seconde vague de la pandémie est liée notamment à l’arrivée du grand froid de décembre à janvier.

1.3.   On sait UE le virus responsable de la Covid-19 prospère dans les zones froides. Dans le corps humain, elle est à l’aise dans les narines.

2.   CONSÉQUENCES

2.1.  Sur le plan sanitaire

Plutôt que de faire du mimétisme (Ex : ramener le couvre-feu de 20h à 5h du matin comme le font la plupart des pays européens), les autorités sanitaires du Congo gagneraient beaucoup à renforcer ;

-  le contrôle aux frontières aériennes et terriennes comme cela se fait déjà de manière remarquable ;

-  le contrôle des transports interurbains ;

-  le contrôle sur les plateformes pétrolières ;

-  l’identification des foyers de la Covid-19 dans chaque département afin de procéder à des actions ciblées de prévention et de traitement ;

-  les mesures barrières sur toute l’étendue du territoire.

2.2.  Sur le plan économique

2.2.1.  Elaboration des plans d’affaires (business plans)

Il s’agit des plans d’affaires des projets économiques relatifs aux filières ci – après :

-  Agro-industrie (réduction des importations des denrées alimentaires et du déficit de la balance commerciale) ;

-  Exploitation forestière et industrie du bois ; 

-  Pétrochimie ;

-  Matériaux de construction ;

-  Economie numérique et TIC.

2.2.2.  Mobilisation des ressources financières pour le financement des plans d’affaires des projets économiques retenus

Il s’agit ici de mobiliser les ressources financières internes et externes nécessaires.

2.2.2.1. Ressources financières internes  

Il est possible de mobiliser 1.000 milliards de FCFA en 08 mois grâce à la maîtrise des recettes :

-  du pétrole ;

-  des régies financières (recettes fiscalo-douanières) ;

-  du bois ;

-  du rapatriement des revenus illégalement acquis et placés à l’étranger par des citoyens congolais.

2.2.2.2. Ressources financières des partenaires privés

Il s’agit de mobiliser 700 milliards de FCFA en recourant :

-   aux plateformes financières internationales et au partenariat public-privé, notamment en BOT ;

-   au partenariat privé-privé;

2.2.2.3. Ressources financières des partenaires publics

Il s’agit de mobiliser 500 milliards de FCFA en recourant :

-  à la coopération bilatérale ;

-  aux partenaires techniques et financiers.

3.  IDENTIFICATION DES INVESTISSEURS (PERSONNES PHYSIQUES ET INVESTISSEURS DIRECTS ÉTRANGERS) INTÉRESSÉS PAR LES PROJETS CIBLES

3.1. Au niveau des personnes physiques

La pandémie de la Covid-19 incite les chefs de famille européens et américains à envisager une migration ciblée en Afrique au sud du Sahara afin de se mettre à l’abri.

Le Congo, par ses ambassades à Paris, Bruxelles et New York pourrait lancer des appels à candidatures pour des postes d’ingénieurs ou d’ouvriers hautement qualifiés dans des filières économiques identifiées : c’est ce que firent exactement les pays européens lorsqu’ils débauchèrent les ouvriers et ingénieurs britanniques dans leur effort visant à mettre fin à leur dépendance économique envers l’Angleterre, première puissance industrielle de l’époque

3.2. Au niveau des investissements directs étrangers (IDE)

Face à la réduction de leurs activités, beaucoup d’entreprises européennes et américaines, sont incitées :

-  pour les multinationales :

à délocaliser leurs activités vers l’Afrique subsaharienne (hors Afrique du sud, pays qui fait partie du groupe des émergents selon le classement des institutions internationales) ;

-  pour les Petites et Moyennes Entreprises (PME) :

à s’internationaliser en créant des filiales en Afrique subsaharienne (hors Afrique du sud).

Il reste entendu que ces actions seront perçues par les employés et les sociétés (personnes morales) comme des aubaines. En effet :

- pour les employés (ingénieurs et ouvriers hautement qualifiés) et leurs familles : il s’agira de « fuir » les zones dangereuses d’Europe et des USA pour se mettre à l’abri en Afrique subsaharienne ;

-  pour les firmes multinationales et les PME appelées à s’internationaliser : il s’agira de maintenir leurs portefeuilles d’activités à un niveau leur permettant de sortir de la zone rouge.

4. EN GUISE DE CONCLUSION

La pandémie de la Covid-19 a épargné les pays africains : c’est une évidence et c’est une opportunité.

Ne pas saisir une telle opportunité et attendre des solutions de la Banque Mondiale, du FMI et d’autres partenaires techniques et financiers, constituent des preuves tangibles que le problème de l’Afrique, c’est son logiciel mental collectif programmé « auto-aliénation ».

Sur le plan économique, l’Europe et les USA  font face au financement de leur plan de relance économique en faisant jouer la planche à billets : 950 milliards d’euros pour le plan de relance de l’économie européenne et 1.000 milliards de dollars pour celui des USA. Quant aux pays africains, il leur est demandé gentiment d’aller faire la queue aux guichets du FMI. Certains dirigeants politiques comme ceux du Ghana ont dit « Non » au FMI. D’autres, comme ceux de l’Afrique de l’Est (Botswana, Kenya, Zimbabwe, Rwanda, etc…) ont fait le choix des financements innovants en recourant à la crypto-monnaie encadrée juridiquement et légalement.

Enfin, sur le plan de la formation technique et professionnelle (Grandes Ecoles d’ingénieurs et Lycées et Collèges techniques)  les autorités politiques pourraient pour les mêmes raisons, débaucher les ingénieurs et ouvriers hautement qualifiés des pays d’Europe de l’Est, de l’Ouest et des USA. Dans le cadre d’un protocole d’accord gagnant-gagnant, ces ingénieurs et ouvriers hautement qualifiés seront chargés de renforcer les capacités des enseignants – chercheurs et des formateurs des Grandes Ecoles d’ingénieurs et des lycées et collèges techniques.      

 

 

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