Olivier SAGNA

Des pionniers méconnus de l'indépendance :

africains, antillais et luttes anti-colonialistes dans la France de l'entre-deux-guerres (1919-1939),

Thèse pour le doctorat d'État, Histoire, soutenue en 1987,

Université Paris-Diderot Paris 7, 2 volumes, 975 pages

Directeur de thèse : Catherine Coquery-Vidrovitch

 

Extrait de l'introduction

Aujourd'hui encore, nombreux sont ceux qui situent la naissance du mouvement anti-colonialiste africain après la seconde guerre mondiale suite à la création du Rassemblement Démocratiaue Africain (RDA) en 1946 à Bamako au Soudan français (aujourd’hui Mali). Certes, la seconde guerre mondiale a joué un rôle décisif dans le développement des mouvements nationalistes en Afrique et ailleurs, mais elle n'a fait qu'amplifier et accélérer un processus d'éveil des consciences qui a vu le jour au lendemain de la première guerre mondiale.

Une des raisons principales du déclenchement de ce processus a été sans doute la mobilisation massive des peuples coloniaux à des fins économiques ou militaires en vue de leur participation au conflit. Parmi d'autres, des milliers d'Africains ont été enrôlés de force ou recrutés grâce à ces promesses mirobolantes pour être envoyés en Europe défendre un pays dont ils ignoraient tout, mais qu'on leur présentait comme étant leur" Mère-Patrie ".

Au front, ils se sont rapidement aperçus que la mort et la souffrance ne faisaient pas de distinction de couleur ni de statut pour choisir leurs victimes. Cette constatation en apparence banale, ajoutée au fait qu'on les avait appelés pour sauver la " Patrie " en danger, a été le signal de la remise en question du mythe jusqu'alors inébranlé de la supériorité de l'homme blanc.

Les principales figures de ce mouvement tels Kojo Tovalou Houénou, Lamine Senqhor, Tiémoko Garan Kouyaté ou Emile Faure furent en contact avec des gens aujourd'hui aussi célèbres que George Padmore, W.E.B. Du Bois, Marcus Garvey, Léon Mba, Ouezzin Coulibaly, Jacques Poumain, Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, Messali Hadj, etc., sans parler des hommes politiques français comme Jacques Doriot, Marius Moutet ou encore Daniel Guérin.

Cependant plus d'un quart de siècle après l'accession à l'indépendance de la plupart des colonies françaises d'Afrique, ces hommes sont à peine connus de leurs semblables et ce, chez les paysans analphabètes comme chez les intellectuels des villes.

Certes depuis quelques temps la lumière se fait peu à peu sur leur combat et, depuis la fin des années soixante-dix, les travaux universitaires sur la question se multiplient.

Certes depuis quelques temps la lumière se fait peu à peu sur leur combat et, depuis la fin des années soixante-dix, les travaux universitaires sur la question se multiplient.

Papa Ibrahima Sy, Ndeye Koumba Sow, Cheikh Tidiane Gadio et nous même avons présenté des mémoires de ma!trise ayant trait à ce sujet; Philippe Dewitte dans une thèse de 3ème cycle, Martin Steins et Joseph Costisella dans des doctorats d'État,ont quant à eux traité la question plus profondément.

Si ces travaux ont le mérite d'exister, ils présentent à nos yeux certaines limites. C'est ainsi que rédigés par des apprentis-historiens dans un court laps de temps, les mémoires de maîtrise cités recèlent nombre de défauts et d'erreurs portant sur le fond tantôt sur la forme. Quant aux thèses évoquées, la première nous semble avoir négligé la dimension politique de ces mouvements au profit de leur dimension culturelle et les deux dernières n'envisagent le sujet que dans le cadre plus vaste d'études sur la Négritude.

Sans avoir la prétention de vouloir révolutionner tout le savoir sur la question, notre travail a pour ambition de décrire, d'expliquer, de commenter et donc de faire connaître ce qui nous apparaît comme la principale dimension de ces mouvements nègres, à savoir leur dimension politique. En somme, il s'agit pour nous de montrer en quoi ces mouvements furent le pendant des mouvements nationalistes indochinois et maghrébin qui se développèrent en France à la même époque.

 

Pour la suite, procurez-vous la thèse de doctorat d'Olivier SAGNA

 

 

Copyright @ 2006-2010 Centre d'études stratégiques du bassin du Congo   -   Tous droits réservés