CLASSEMENT MONDIAL DES INSTITUTIONS D'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR :

LA BATAILLE DES CRITÈRES ET DES INDICATEURS

 

Par Aimé D. MIANZENZA, Cesbc


 

Depuis 2003, l'université Jiao Tong de Shanghaï publie un classement des 500 meilleures universités du monde. Ce classement ou Academic Ranking of World Universities (ARWU) fait aujourd’hui  figure de référence dans le monde des institutions d'enseignement supérieur de la planète.

 

Le nombre d'institutions d'enseignement supérieur évaluées est très élevé. Par exemple pour l'étude 2006, plus de 2000 universités ont été évaluées et un classement de plus de 1 000 universités a été établi. Le classement final est la résultante de plusieurs classements spécifiques déterminés en fonction de la spécialisation des différents établissements (science de l'ingénieur, mathématique, médecine, économie, agronomie, sciences humaines et sociales, etc.).

Critères d'évaluation

L'évaluation est faite à partir des seuls critères académiques et de la recherche qui sont, selon les chercheurs de l'université Jiao Tong de Sanghaï, de bons indicateurs de la réputation internationale d'un établissement : lauréats du prix Nobel, nombre de chercheurs de haut niveau, articles parus dans Nature et Sciences et dans l’Index des citations (scientifiques et sciences sociales) et performance universitaire de chaque institution, etc. Une pondération est attribuée à chaque critère, tel que le montre le tableau qui suit.

Critères et indicateurs d'évaluation 

Critère

Indicateur

Pondération

Qualité de l'éducation

Nombre de prix Nobel et de médailles Fields parmi les anciens élèves

10 %

Qualité de l'institution

Nombre de prix Nobel et de médailles Fields parmi les chercheurs

20 %

Qualité de l'Institution

Nombre de chercheurs les plus cités dans leurs disciplines

20 %

Publications

Articles publiés dans Nature and Science*

20 %

Publications

Articles dans Science Citation Index-expanded (SCIE), Social Science Citation Index (SSCI), and Arts & Humanities Indices (AHCI)

20 %

Taille de l'institution

Performance académique au regard de la taille de l'institution

10 %

Total

 

100 %

* Pour les établissements d'enseignement des sciences humaines et sociales, ce critère n'est pas considéré ; la pondération est réallouée aux autres critères.

Limites de l'évaluation

Comme chaque année, les universités des pays allergiques à la notion même de classement des établissements d'enseignement sont montées au créneau pour contester l'ARWU. Certains institutions de formations mal classées dans l'ARWU sont allées jusqu'à dénier à l'université Jiao Tong de Shanghaï, une institution spécialisée dans les sciences dures, la capacité de mener une telle enquête. La cause de ces critiques : des critères essentiellement fondés sur la recherche et pas sur la formation, le nombre de prix Nobel, de médailles Fields (l'équivalent du Nobel en mathématiques) et d'articles publiés dans des revues uniquement anglo-saxonnes. Les publications dans les autres langues se sont pas prises en compte. Ce qui avantage les universités américaines britanniques ou japonaises, au détriment des françaises et des allemandes, etc.

Les initiateurs de l'ARWU soulignent eux-mêmes que leur outil comporte certaines limites, notamment un biais en faveur des pays anglophones et des institutions de grande taille et les difficultés à définir des indicateurs adéquats pour classer les universités spécialisées dans les sciences sociales.

En France, la Fédération des associations générales étudiantes (Fage) pense que l'URWA n'était "pas pertinent pour juger les universités françaises". ... " L'omniprésence de la recherche, la prédominance des publications anglophones, ainsi que l'absence de prise en compte des moyens financiers propres à chaque établissement ne permettent pas de juger au mieux la pertinence pédagogique et scientifique des universités françaises ". Quant à  Philippe Marher, directeur du Collège des Ingénieurs, il met  en cause ce classement. Pour lui, celui-ci n'a qu'une faible notoriété en Chine même auprès des étudiants. Il est produit par l'Institut d'enseignement supérieur, institut d'une université consacrée aux sciences dures et à la technologie. De plus, il ne tient compte que de critères privilégiant la taille de l'établissement. Ainsi des pays disposant de nombreuses écoles ou universités, d'excellence mais de petite taille, passent à côté de ce classement. Enfin, ce classement ignore les universités, centres de recherche ou écoles travaillant en réseau comme c'est de plus en plus le cas en Europe.

Les classements alternatifs

Ces critiques ont poussé beaucoup d'organismes et d'institutions à proposer leur propre classement. En 2005, The Times Higher Education Supplement (THES) s’est lancé à son tour dans cet exercice. En 2007 ce fut le tour de l'École des Mines de Paris en proposant le " Professional ranking of world universities " (PRWU).

Partant du palmarès établi par le magazine américain Fortune, l'Ecole des Mines a comptabilisé le nombre d'anciens de telle ou telle université parvenus à des postes de numéro un au sein des 500 plus grosses entreprises mondiales. Les Mines ont élaboré leur ranking. Pour chaque ancien placé à la tête d'une entreprise du « Fortune global 500 » (2), l'université gagne 1 point. Et si un ancien est passé par deux universités, alors celles-ci gagnent chacune 0,5 point. La position de chaque établissement est ensuite déterminée par le total des points gagnés.

Dans ce classement cinq grandes écoles françaises (Polytechnique, HEC, Sciences Po, l'ENA et les Mines) figurent dans les dix premières, aux côtés de Harvard, Stanford ou le MIT. Au total, l'école des mines de Paris a classé 338 établissements de l'enseignement supérieur dans le monde.

Classement mondial 2007 des institutions d'enseignement selon l'ARWU et le PRWU

ARWU (Jiao Tong Shanghaï, Chine)

 PRWU (École des Mines, Paris France)

Rang

 Établissement

Pays

Rang

Établissement

Pays

1

Harvard University

USA

1

Harvard University

USA

2

Stanford Unversity

USA

2

Tokyo University

Japon

3

University of California - Berkeley

USA

3

Stanford University

USA

4

University of Cambridge

Grande Bretagne

4

École Polytechnique - ParisTech

France

5

Massachusetts Institute of Technology  (MIT)

USA

5

HEC ParisTech

France

6

California Institute of Technology (Caltech)

USA

6

University of Pennsylvania

USA

7

Columbia University

USA

7

Massachusetts Institute of Technology  (MIT)

USA

8

Princeton University

USA

8

Science Po Paris

France

9

University of Chicago

USA

9

École Nationale d'Administration

France

10

University of Oxford

Grande Bretagne

10

École des Mines ParisTech

France

11

Yale University

USA

11

Keio University

Japon

12

Cornell University

USA

11

University of Oxford

Grande Bretagne

13

University of California - Los Angeles (UCLA)

USA

11

Yale University

USA

14

University of California - San Diego

USA

14

Columbia University

USA

15

University of Pennsylvania

USA

15

Pennsylvania State University

USA

16

University of Washington - Seattle

USA

15

University of Wyoming

USA

17

University of Wisconsin - Madison

USA

15

Waseda University

Japon

18

University of California - San Francisco

USA

18

Chalmers University of Technology

Suède

19

John Hokins University

USA

18

Chuo University

Japon

20

Tokyo University

Japon

20

Duke Universiy

USA

...

...

...

.........
234Shanghai Jiao Tong UniversityChine.........
300 École des Mines ParisTechFrance89Shanghai Jiao Tong UniversityChine

 

Sources : 

 

Selon le PRWU by the École des Mines de Paris, Harvard conserve toujours la place de numéro un mondial. Cependant, Benoît Legait, directeur de cette grande école située au N° 60 du boulevard Saint Michel à Paris, « si l'on additionne le total des points des écoles membres de ParisTech (voir la note ci-dessous), alors le réseau d'écoles d'ingénieurs français se place devant Harvard », a expliqué le directeur de l'Ecole des Mines.

Le palmarès de l'Ecole des Mines s'oppose à celui de L'université Jiao Tong de Shangai en ce sens que le premier est « classement international professionnel » alors que le second est un « classement académique ». Pour Benoît Legait, directeur de l'École des Mines ParisTech, « l'enseignement supérieur doit avant tout former des étudiants à la vie professionnelle, à l'univers économique ». Une critique ouverte à l'encontre du classement de Shanghai qui met avant tout l'accent sur la production scientifique de chaque université.

En dépit des critiques, le classement de l'ARWU de Shanghai Jiao Tong University s'est imposé depuis sa première publication en 2003. Il est devenu une une référence internationale dans un contexte de compétition, de globalisation peut-on dire, de plus en plus exacerbée entre les universités du monde entier.

********

Note :

ParisTech rassemble onze des plus prestigieuses grandes écoles françaises couvrant l'ensemble des sciences et technologies : École Nationale des Ponts et Chaussées (École des Ponts ParisTech), Ecole Nationale de la Statistique et de l'Administration Économique (ENSAE ParisTech), Ecole Nationale Supérieure d'Arts et Métiers (Arts et Métiers ParisTech), Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Paris (Chimie Paris - ParisTech) ou Chimie Paris Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris (Mines ParisTech) ou Mines, Ecole Nationale Supérieure des Télécommunications (Télécom-Paris Tech), Ecole Nationale Supérieure de Techniques Avancées (ENSTA ParisTech) , Ecole Polytechnique, Ecole Supérieure de Physique et de Chimie Industrielles de la Ville de Paris (ESPCI ParisTech), AgroParisTech (AgroParisTech), École des Hautes Etudes Commerciales (HEC Paris)

 

 
   

Copyright @ 2006-2012 Centre d'études stratégiques du bassin du Congo   -   Tous droits réservés