Aimé Mianzenza

Président du Cesbc

 


Nous revendiquons l'héritage d'Aimé Césaire

 

La mort d'Aimé Césaire ne sonne pas la fin d'une époque ni des idéaux pour lesquels il s'est battu.

Bien de combats menés par Aimé Césaire et ses illustres compagnons sont, hélas, encore d'actualité.

Aimé Césaire a été le premier à souligner que la décolonisation n'était pas  irréversible. Dès la fin des années 50, il pensait qu'on pouvait s'attendre à voir des structures de l'ancien régime se reconstituer au sein de tout pays imparfaitement décolonisé. La conquête de l'indépendance ne mettrait pas automatiquement un peuple à l'abri des phénomènes de récurrence du colonialisme." ... En effet, "tels des entreprenants épigones, aussitôt les colons partis, les pouvoirs qui arrivent à la tête des États à la faveur des indépendances, pourraient s'employer à indigéniser avec rage les outillages mentaux et les méthodes d'oppression du temps de la colonisation." (R. Despestre)

Dans le Discours sur le colonialisme, Aimé Césaire dit ce qui suit :

" Colonisation = chosification" : "Entre colonisateur et colonisé, dit-il, il n'ya de place que pour la corvée, l'intimidation, le pression, la police, l'impôt, le vol, le viol, les cultures obligatoires, le mépris, la méfiance, la morgue, la suffisance, la muflerie, des élites décérébrées, des masses avilies. ... "

En remplaçant dans ce texte colonisation par indépendance, colonisateur par État postcolonial, etc., le Discours sur le colonialisme montre combien il est actuel au regard de la situation que vivent les populations africaines.

En prenant le cas de l'Afrique, on constate que là où l’État et le pouvoir ont été confisqués par une poignée d’individus, le recours à la violence s'est imposé, provoquant le délitement des systèmes de socialisation.

Les populations désocialisés et touchées de plein fouet par la désespérance basculent dans la criminalité. Des femmes et des hommes sont ainsi réduits en situation de quasi esclavage par leurs propres concitoyens.

Non, le combat d'Aimé Césaire n'est pas mort avec le poète car la décolonisation n'est pas achevée. Les intellectuels africains, notamment ceux de la diaspora, ont l'obligation morale de reprendre le flambeau et de continuer son combat.

Le poète est mort.

Vive le poète

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