Adama AYIKOUE

Professeur de Lettres,

Gestionnaire du Patrimoine

 

 

 

 

Sony Labou Tansi

Le germe du destin

 

 

Le 14 juin 1995 Marcel Ntsoni, alias Sony Labou Tansi s’embarquait pour M’pemba, le royaume des morts dans la tradition Kongo. Profitons de l’occasion pour revisiter quelques unes de ses œuvres.

La première fois que nous avons lu Conscience de tracteur, nous avons été surpris à la fois par l’audacieuse manie du dramaturge à projeter les actions de sa fiction dans l’avenir et à se gargariser de prophéties funestes. Nous étions d’autant plus frappés que nos superstitions d’Africains gavés de tabous depuis l’enfance interdisaient à quiconque de s’amuser à vaticiner de peur de s’attirer des imprécations et de succomber sous le coup de leurs foudres. Mais dans ce texte de théâtre, Sony Labou Tansi s’est donné le luxe d’inventer des personnages et d’indiquer des dates tournées vers le futur. A l’annonce de son décès survenu le mercredi  14 juin, ce théâtre qu’il a voulu jouer à fond et pleinement jusqu’au bout sollicite notre attention. Dans sa pièce théâtrale Conscience de tracteur, Sony Labou Tansi a nommé. Il a nommé son destin en nommant sa malchance, sa douleur et en fin de comptes sa mort.

Nommer son destin

Henri Lopes dans « Envoi » de Conscience de tracteur écrit : « Voici donc que s’élève un prophète » (p.13). Tchicaya U Tam’si révèle sur son compte : « Il est voyant ! Il est tout le temps au-dedans de lui-même. » Sylvain Bemba quant à lui a remarqué que le fondateur du Rocado Zulu Théâtre « voit demain avec des yeux d’aujourd’hui ». Sony Labou Tansi ne se réclamait t-il pas du « Lemba » ? « Nous avons inventé la croix de Lemba, notre lieu de rencontre avec le cercle et le triangle, lieu de rencontre avec l’infiniment visible et l’infiniment invisible et l’infiniment impensable, lieu même du plus grand voyage à l’intérieur des mots (…) Mais notre voyage-là va jusqu’aux mots qui parlent aux morts ».

L’auteur de Conscience de tracteur déclarait à Ifè Orisha : « En tant qu’écrivain, mon travail consiste à nommer (…) Et je crois que dans tout ce que j’ai écrit, j’ai nommé ». Ainsi cette pièce théâtrale ne fait pas exception ; d’ailleurs Sony Labou Tansi avertit déjà : « Dans une affaire où il est question de la mort de l’espèce, je crois qu’il convenait d’appeler les choses par leur nom. ».

De ce point de vue, il affirmait à Bernard Magnier : « J’ai l’ambition horrible de chausser un verbe qui nomme notre époque. »

Nommer une chose, c’est bien sûr la faire naître au monde des hommes, l’insérer dans l’ordre symbolique sans lequel son existence n’a aucune pertinence, mais c’est aussi et surtout la rendre « animée » en la dévoilant. Si l’écriture chez Sony Labou Tansi était une maïeutique, c’était parce que la parole et le Verbe sont les accoucheurs d’un monde où tout s’entremêle. La littérature était pour lui un art de la nomination car nommer c’est rendre sensible et intelligible l’énigme du monde.

Voilà pourquoi chez Sony Labou Tansi l’écriture, en tant que forme particulière et de parole, prolongeait le rêve. En le mettant en mots, elle donne corps et substance à la réalité. Il s’agit moins de créer et d’inventer la réalité que de l’énoncer.

Avant sa mort, l’écrivain avait entre autres manuscrits, laissé un roman : « J’ai écrit un roman, " Le commencement de la douleur″, que j’ai envoyé aux Editions du Seuil à Paris ». C’est justement ce qu’écrivait Bernard Magnier  dans un numéro de Jeune Afrique: « Dès le début des années quatre-vingt-dix, le titre d’un nouveau roman avait circulé et le romancier évoquait volontiers sa gestation rendue difficile par quelques incompréhensions et chausse-trapes. Voici enfin  " Le commencement des douleurs″, le sixième roman dont le titre semble permettre toutes les interprétations prémonitoires ».

Certains trouvaient le titre déjà révélateur. Les commentaires des Editions du Seuil nous avertissaient que Le commencement des douleurs est « un vaudeville cosmique que traverse de part en part une inquiétude visionnaire. »

Mais avant 1973 (dans l’article « Sony Labou Tansi et moi » paru dans la revue Equateur, Sylvain Bemba affirme qu’en 1973, Conscience de tracteur était finaliste du sixième Concours théâtral inter-africain) Sony Labou Tansi avait déjà nommé son terrible destin, un destin voué à la malchance, à la douleur et à la mort

I. En nommant sa malchance

L’auteur de Conscience de tracteur avait succombé d’une maladie dont la contamination peut être due à une malchance, une fatalité. Entre autres hypothèses, la guigne pouvait dépendre de la carrière de sa conjointe alors infirmière à l’Hôpital de Makelekele  et donc exposée à la contamination : Isa Mongo écrit dans un numéro d’Africa International que l’épouse de Sony Labou Tansi, Pierrette Kinkela est « infirmière à l’hôpital de Makelekele ». De même, Sony Labou Tansi lui-même déclarait à Alain Brézault et à Gérard Clavreuil au cours d’un entretien : « J’arrive un matin à l’hôpital de Makelekele où travaille ma femme. »

Le dramaturge faisait dire à un personnage, en l’occurrence le Crieur Public : « Il n’y a pas de sots métiers, mais il y a quand même des sales métiers.» (p.65)

Bien loin de nous l’intention de désigner à la vindicte publique un porte-malheur car même si cette hypothèse s’avérait exacte, c’est bien la Malchance, la poisse qui aurait choisi ses victimes. Sony Labou Tansi ne pressentait-il pas déjà cette malchance dans sa « Dédicace » : « Je dédie ces pages à tous ceux qui comme moi, ont une espèce de priorité à la malchance ; à ceux qui meurent ou bien sont morts pour une cause qui n’était pas une cause» ? (p.15)

Il appuie sur la chanterelle par cette terrible ultime phrase de sa « Note d’Auteur » :

« I’m keeping very left on my way to bad luck. » (p. 18)

 (Je vais mon chemin qui me mène vers le destin de la malchance.)

C’est sans doute ce pressentiment tapi dans le subconscient de son imaginaire qui l’amène à distribuer à ses héros la poisse. La mort qui a commencé à frapper San-Mérina a désigné le mari d’Aléluya comme sa toute première victime et cela fut une malchance dans la mesure où elle sera traitée d’empoisonneuse et traînée en prison.

Cela annonce la malchance de Dadou que la séduisante fille aux lunettes, Yavelde accusa à tort dans le roman l’Anté-peuple. Curieusement, en le frappant, la guigne entraîne avec le héros des alliés : c’est sur le dos de toute la famille d’Aleluya que les mauvaises langues cassent un sucre : « L’honneur de la famille sombre aussi dans la médisance la plus noire. On était un sang - aujourd’hui, nous ne sommes plus qu’une histoire – une sale histoire d’empoisonneurs. » (p. 42)

Les gens haïssent les criminels : sitôt que Dadou fut accusé de meurtre dans L’Anté-peuple, sa famille fut décimée par la foule. C’est également la même poisse que Sony Labou Tansi dégorge dans Les Yeux du volcan à travers l’aventure du colosse.

II. En nommant sa douleur

Sony Labou Tansi écrit à propos de Tchicaya U Tam’si : « En Afrique, le premier qui parle tombe dans la gueule de la prophétie (…) Il y a mille et une manières d’être prophète : dire les douleurs (…) »

De même au cours d’une interview accordée à Françoise Ligier, l’auteur de Conscience de tracteur déclarait à propos du théâtre : « Et comme le théâtre parle bien, je lui donne ma préférence. Il parle pour dire nos douleurs. »  Cela répond à l’une des préoccupations essentielles d’Antonin Artaud dans son Théâtre et son double : le théâtre n’a de sens que dès l’instant où il exprime la souffrance, la terreur, les états paroxystiques de l’homme : « le spectateur sait qu’il vient s’offrir à une véritable opération, ou non seulement son esprit mais ses sens et sa chair sont en jeu, où il doit bien être persuadé que l’on est capable de le faire crier. »

« Le commencement des douleurs », un titre véritablement évocateur ! Jean-Michel Devesa fait cette remarque : «  Il se peut que Sony Labou Tansi ait conçu son dernier roman comme les précédents, c’est-à-dire comme un texte polysémique, révélant et masquant à la fois une vérité prophétique. Mais ici, son écriture est placée plus nettement encore sous le signe de la sorcellerie et de la magie noire

Mais l’écrivain congolais criait sa douleur depuis les années 70. C’est d’abord le destin qui est douloureux : « Oh ! Qu’elles sont douloureuses les griffes du destin. » (p. 54) Non seulement Sony Labou Tansi fait exprimer, en ces termes, sa douleur par Aléluya, mais il la communique aussi à tous ceux qu’il fait crier, tomber et mourir dans Conscience de tracteur. Ne sont-ils pas des cris de douleur ? Aléluya nous fait comprendre aussi que c’est une douleur discrète, imperceptible, de l’extérieur : « Ah ! Personne ne l’entendra, ce pas monotone de la douleur qui trotte dans mon sang. » (p. 41) « Une douleur dans le sang ! » Ici transparaît toute la profondeur de la douleur qui a entamé le symbole même de la vie qu’est le sang. Et Sony Labou Tansi mourra plus tard d’une maladie de sang : le SIDA. Le sang et la mort sont des thèmes qui reviennent dans Conscience de tracteur comme un leitmotiv. Il serait d’ailleurs intéressant d’y envisager une exploration lexicométrique du terme « sang ».

En ce qui concerne la mort, elle est d’abord représentée comme un défi devant lequel la science devra s’incliner et se contenter de la place qui devrait lui revenir : « Nous voulons lui [à la science] rendre la place que lui doit l’univers, ou peut-être lui faire rembourser le trop de place qu’elle a tenue.» (p.93)

Ensuite, s’il est vrai qu’elle est personnifiée et vient chercher ses victimes – comme Charon le passeur sur l’Achéron – elle est surtout une chute physique au même titre que les personnages qui tombent avant de mourir, et nous rappelle la chute, la déchéance du jardin d’Eden. Avant de s’écrouler, Monsieur Sawa mangeait des pommes, l’édénique fruit défendu à Adam et Eve. Marcel Ntsoni aussi aurait-il mangé un fruit défendu ? Ou plutôt Pierrette Kinkela lui en aurait-elle donné ?

A la chute par la mort de l’homme correspond la chute de la science, de la raison : « Déluge de savoir. Déluge de lumière. Déluge de capacité. Et ce sera là notre perte. L’éclatement des raisons. L’effondrement. La chute de tout ce qui nous semblait debout. » (p.144)

III. En nommant sa mort

Guy Lenoir témoigne au sujet des rapports particuliers que Sony Labou Tansi entretenait avec la mort : « Sony aimait la mort, l’écrire, lui parler, la mettre sur scène. Quand tu arrives à Brazza, il guide la visite, sa rue Makelekele (…) et puis aussi les tombes. Un soir de Toussaint, il t’emmène écouter les dialogues de ceux d’ici à ceux d’en bas, éclairés cette nuit de milliers de bougies (…) »  

Par des dates, il est tout à fait curieux de constater que l’auteur de Conscience de tracteur avait même nommé la date de sa mort. Comment comprendre que le dramaturge était si obsédé par l’année 1995 comme une date limite au point qu’il a fait mourir tous les personnages de la pièce théâtrale en 1995 ?

A la Scène 2 du Deuxième Acte, on assiste à l’inhumation d’Eva et Ndolo-Bambara :

« Les cercueils sont recouverts du drapeau national. Sur l’une des croix on lit : Eva Riverra : 1951-1995, Haut Commandeur de l’Ordre du Salut. Sur l’autre croix, plus vaste on lit : Ndolo Bambara : 1950-1995, Haut Commandeur de l’Ordre de l’Espoir » (p. 76)

On se demande si Sony Labou Tansi n’avait pas déjà nommé ses propres dates limites, c’est-à-dire les années de sa naissance et de sa mort qui se confondent avec celles de Ndolo-Bambara (1950-1995). Nous ne voudrions pas engager une polémique sur sa date de naissance, mais nous nous fions aux Editions NEA / CLE qui ont publié Conscience de tracteur en 1979 avec 1950 comme date de naissance de Sony Labou Tansi. Certains éditeurs ou critiques littéraires lui attribuent plutôt la date de 5 juin 1947 ! Nous préférons ne rien en conclure puisque Sony Labou Tansi lui-même en répondra à Bernard Magnier comme suit : « La naissance est un hasard et je ne me sens pas lié par cet état-civil. Je suis citoyen de ce siècle. »

Curieuse coïncidence encore, l’œuvre est précédée de l’indication scénique suivante :

« La scène est à San-Mérina, capitale de la province du même nom, en République de Coldora (Afrique Centrale). Nous sommes en 1995 au mois de juin. »  (p. 20)

De même, Arlette et Roger Chemain écrivent à propos de Conscience de tracteur : « L’action se déroule en effet à San-Mérina, ville qui par quelques-unes de ses toponymies n’est pas sans évoquer Brazzaville. »

Ironie du sort ou parodie du sort. Le mercredi 14 juin. Au beau milieu du mois de juin. Le matin. Marcel Ntsoni, connu sous le nom du plume de Sony Labou Tansi avalait sa date de naissance et son état-civil à Brazzaville en Afrique Centrale : Jean-Louis Joubert dans un numéro de la revue Diagonale écrivait dans un article intitulé « Adieu Sony » : « C’est à Brazzaville que Sony Labou Tansi est mort le 14 juin 1995, quelques jours après sa femme, tous deux terrassés par le monstre moderne, ce Sida qui ronge l’Afrique. »

Lui-même écrivait dans Conscience de tracteur : « Les grands hommes ont parfois des destins très sales. » (p. 34)

Chose curieuse : « - Je reste ici à t’aimer lentement.

-Tu n’as pas peur d’attraper le mal de Nsanga-Norda ?

-Que m’importe de vivre ou de mourir de ton amour. Je serai heureux d’être enterré, à côté de toi, dans cette terre qui nous a tout donné. »

C’était en 1985. Sony Labou Tansi faisait dialoguer ainsi dans son roman Les Sept solitudes de Lorsa Lopez, ces terribles amants. Aujourd’hui les « poux voraces qui vous sucent tout le sang et toute la flotte » ravagent le monde entier. Dix ans plus tard, le romancier, lui, mourra le mercredi 14 juin 1995. Il n’aura donc pas attendu trois jours avant de suivre dans la mort sa femme Pierrette Kinkela, morte elle aussi du SIDA le 11 juin 1995. Notons qu’un an après ce dialogue dans Les Sept solitude de Lorsa Lopez, en 1986, Sony Labou Tansi faisait dire à Antoine dans Antoine m’a vendu son destin : « Que pensent-ils­­­­­ [les Français] de ma mort par le Sida ? »

Dans Conscience de tracteur, le dramaturge a toujours été hanté par l’année 1995. En voici un indice textuel : au cimetière de San-Mérina : « Sur l’une des deux croix debout devant les bières : Madame Sawa, née Leho-Maté : 1955-1995 et sur l’autre : Madame Aléluya Louta née Sawa Lanza : 1972-1995 » (p. 99)

De même : « Vu la Constitution et le décret-loi numéro 071/66/95 du 3 juillet 1995… seront fusillés ce jour, 18 juillet 1995. » (p. 65)

N’a-t-il pas finalement raison, lui qui écrit : « L’imaginaire d’aujourd’hui peut être la réalité de demain » ?

Si Sony Labou Tansi prouve, en nommant l’avenir, que l’œuvre d’art est purement une fiction, une merveille de l’imagination, en soustrayant son œuvre du passé et du présent c’est-à-dire du vécu, donc de « l’inimaginé », il démontre ipso facto sa foi et l’intensité avec laquelle, franchement, il réalise sa carrière littéraire. Poète doué, il laisse ici se manifester le feu sacré rimbaldien qui fait véritablement de l’écrivain un voyant : « J’entends ma mort qui me fait signe. Je vois sa main se poser doucement sur mon épaule (…) La mort ! Je ne peux pas lui dire : une minute ! Je ne peux pas lui dire : attends un peu (…) Elle est têtue, la mort, elle crie, elle presse, elle me tire. » (p. 110)

C’est justement la raison pour laquelle il affirmait déjà en 1983 dans une interview : « Le temps ? Il va me manquer parce que je constate avec stupeur que j’ai déjà 33 ans. »

 Conclusion

A l’aube de sa carrière, Sony Labou Tansi a posé comme un devin le thème géomantique du soir de la vie. Il fut un grand écrivain. Sa meilleure œuvre, c’est-à-dire celle qui est la plus représentative, la moins fardée, la plus proche de son cœur et de sa tête, celle qui recèle le mieux l’essentiel de sa pensée est bien Conscience de tracteur où se trouve le germe de son destin. Sony Labou Tansi a fermé sa « parenthèse de sang » il y a quinze ans et repose depuis le jeudi 22 juin 1995 au Cimetière du Centre-ville à Brazzaville. Il s’en est allé la plume à la main, une plume qui rompait le silence des douleurs : les siennes, les nôtres.

 

 

Références bibliographiques :

 

Sony Labou Tansi :

  • Conscience de tracteur, Dakar/ Yaoundé, NEA/CLE, 1979

  • L’Anté-peuple, Paris, Le Seuil, 1983

  • Les Sept solitudes de Lorsa Lopez, Paris, Le Seuil, 1985

  • Les Yeux du volcan, Paris, Le Seuil, 1988

  • Le Commencement des douleurs, Paris, Le Seuil, 1995

Artaud (Antonin), Le Théâtre et son double, Paris, Gallimard, Collection Folio, 1964.

Brezault (A.) et  Clavreuil (G.), Les Conversations congolaises, Paris, L’Harmattan, 1989

Devesa (J-M) : SONY LABOU TANSI, Ecrivain de la honte et des rives magiques du Kongo, Paris, L’Harmattan, 1996

Revues 

  • Théâtre Sud, N° 1, Paris, L’Harmattan/RFI, 1990

  • Equateur, N° 1, Paris, 1986

  • Notre Librairie, N° 79, avril – juin 1985

  • Africa International, N° 281, mars 1995

  • Diagonales, N° 35, août 1995

  • Jeune Afrique, N° 1812, du 28 septembre au 4 octobre 1995

  • La Lettre d’Afrique en créations, Hors série, septembre 19

 

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