École de Poto- Poto

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École de Poto-Poto. Entrée et atelier en 2007


 

(Crédits photos : Daniel MATOKOT, Cesbc, août 2007)


Marc Somville

En Afrique Centrale, le graphisme a toujours été, depuis la nuit des temps, purement utilitaire, rituel : on peignait sur les parois des habitations ou sur le sol dans le but d’écarter les mauvais esprits, ou d’attirer les bons … 

Vers 1940, les peintres européens apportent en Afrique Centrale une approche, des réflexions et des techniques nouvelles.  La première génération de peintres congolais commencera par les derniers gestes, et se formeront selon des principes académiques aboutis enseignés par des artistes venus d’Europe.  C’est l’époque de Faustin Kitsiba, Eugène Malonga,  Guy Léon Fylla (aujourd’hui doyen des artistes peintres congolais) ...

 

 

 

 

 

 

 

 

Daniel MATOKOT

En 1950, Pierre Lods, ancien militaire français, décide de s’installer à Brazzaville (Congo) comme peintre.

En réaction contre les pionniers de la peinture africaine qu’il trouve trop occidentalisés, et séduit par le beauté de la création africaine pure et la richesse des œuvres artistiques des "autochtones", il crée l’atelier de Poto-poto, qui deviendra en 1952 l’Ecole de peinture de Poto-poto, avec pour premiers élèves ses domestiques Félix Ossiali et Nicolas Ondongo.

La méthode de formation adoptée au départ est simple : « mettre à la disposition des élèves du papier, des pinceaux, de la gouache, sans orientation technique particulières », et les laisser créer librement, les laisser exprimer leur « africanité » en toute liberté.

L’école de peinture de Poto-poto devient une institution de renommée internationale et présente une multitude d’intérêts historiques, esthétiques et culturels.

Des artistes talentueux comme Gotène, Emile Mokoko, Guy Léon Fyla, Ondongo, Iloki ont exposé dans plusieurs pays et remportés de nombreux prix internationaux.

Mettant au centre de la création le graphisme traditionnel du peuple Bantu, la peinture tourne autour des scènes de la vie quotidienne : scènes de marché, danses rituelles, portraits de femmes ou d’anciens du village, paysages crépusculaires…

L'École est située au rond-point de Moungali à Brazzaville (Congo). Elle organise une exposition permanente des œuvres de peintres de la deuxième voire de la troisième génération : Pierre Claver N’Gampio, Sylvestre Mangouandza, Adam Opou, Joseph Dimi, Gerly Mpo, Thierry Bougoualanga, René Bokoulemba, Laetitia Mahoungou, Mayoulou, Aris Dihoulou

 

 

Marc Somville

 

Mais que dire des indépendants … talentueux à souhait …  Si dans l’ensemble, la peinture de Kinshasa transmet actuellement un message essentiellement social, les peintres de Brazzaville se distinguent par leur style multi-directionnel.  Leur personnalité est souvent particulièrement attachante, leur style souvent très personnel et original.  Ils sont prêts à quitter le soleil, à risquer un billet d’avion, avec l’espoir d’aller décrocher la lune.  Les uns ont été formés à l’école de Poto-Poto, telle Annie Moundzota.  D’autres sont auto-didactes, telle Florence M’Bilampassi, ou formés dans l’atelier de leur père, tel Ehud Makoumbou.  Enfin certains sortent de l’académie des Beaux-Arts de Kinshasa, tels Jonas Boboma, Alain Boduka, ou de l’académie de Brazzaville, Gastineau Massamba, résolument tournés vers  une modernité universelle, créative, parfois mystique, désarçonnante, parce que « telle est la volonté de l’artiste … ».

Suite aux guerres civiles et troubles, et à cause du dénuement qui accable le pays, le pouvoir d’achat s’est réduit à Brazzaville, et les chances pour ces artistes d’écouler leur production et de se faire connaître, sont réduites également.  Le statut de l’artiste est plus que précaire, le matériel arrive difficilement, et les subventions de l’État sont quasi inexistantes.

 

 

 

 

 

 

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